29 avril 2010

La Chanson de la semaine (1) : Some velvet morning (Nancy Sinatra et Lee Hazlewood/Lydia Lunch et Rowland S. Howard/Primal Scream)

Pour cette première édition de "la chanson de la semaine", voila ce qu'on appelle un classique : une chanson maintes et maintes fois reprise et adaptée par ses différents interprètes. Le morceau est composé en 1967 par Lee Hazlewood et chanté en duo avec Nancy Sinatra. Il est certes remarqué à l'époque mais n'atteint pas vraiment les sommets des charts. Pourtant, dès 1968, il connaît l'honneur de sa première reprise, une version instrumentale jouée par Gabor Szabo. Par la suite, on compte facilement une vingtaine de reprises officielles et la chanson est une référence pour beaucoup de personnes.
C'est l'occasion de se demander ici ce qui peut bien faire d'une simple chanson un "classique". D'abord, il y a le texte (pour les paroles complètes, voir ici). Ce dernier reste très énigmatique. Il met en scène deux personnages : le premier est un homme, un vagabond qui évoque une certaine Phaedra dont la rencontre aurait été déterminante pour lui ; le second est cette Phaedra en question, sorte de déesse de la nature, membre d'une mystérieuse communauté ("nous"...). En quelques phrases, tout un univers est créé, deux figures mystérieuses très fortes. Et qui est cette Phaedra ? On voit mal le rapport immédiat avec le personnage de Phèdre (Lee Hazlewood a pu être marqué par le film "Phaedra" de Jules Dassin, sorti en 1962...).
Deuxièmement, il y a la musique. La voix de chacun des deux personnages est associée à une instrumentation très différente. Entre les deux parties, on change même de mesure : 4 temps sur les couplets, 3 sur les refrains. D'un côté, une instrumentation puissante (avec un petit côté musique de western à la Ennio Morricone) sur les couplets, avec la voix de crooner de Lee Hazlewood. De l'autre, la voix de fausse ingénue du refrain avec un côté comptine enfantine. Que dire du final quand les deux s'entrecroisent de façon très étrange ? On comprend que le morceau n'ait pas eu un immense succès à l'époque : trop bizarre, au fond. Par contre, tout était réuni pour fasciner durablement ses auditeurs les plus attentifs.
Ceci dit, assez blablaté et passons à la musique, avec les trois versions les plus réussies et les plus marquantes de ce classique (à mon humble avis).

1. D'abord, honneur à l'original, avec la version magnifique de Lee Hazlewood et de Nancy Sinatra :



La vidéo réalisée à l'époque donne le ton : Lee Hazlewood en cowboy solitaire et Nancy Sinatra en personnage surnaturel. Le lien, ici: http://www.youtube.com/watch?v=Sb-SVPJM4L4.

2. La deuxième version que j'ai choisie est celle de Lydia Lunch et de Rowland S. Howard (membre, notamment, des célèbres The Birthday party), deux figures on ne peut plus marquantes et fascinantes elles aussi ! Cette version, bien qu'assez fidèle tout de même, est beaucoup plus sombre. Fini le cowboy solitaire en pleine nature, nous voilà plongés dans les bas-fonds new-yorkais ! Rowland S. Howard est parfait dans le rôle du crooner-voyou et Lydia Lunch de même dans le rôle de la fausse ingénue. A noter, un final d'une minute supplémentaire assez chaotique. C'est cette version par laquelle j'ai découvert le morceau.



3. Enfin, une version plus contemporaine, celle des Primal Scream (qui, eux mêmes, en ont livré deux versions différentes), avec Kate Moss dans le rôle de Phaedra. La version la plus éloignée de l'original. Ici, plus question d'Ennio Morricone mais d'un morceau d'électro puissant. Le chant de crooner de Hazlewood et d'Howard cède place aux susurrements de Robert Gillepsie. Fini le côté bancal des premières versions, tout est rééquilibré dans un pur souci d'efficacité. Je ne résiste pas, ici, au plaisir de vous mettre la vidéo avec Gillepsie en adoration devant Kate Moss :


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