30 octobre 2010

La Chanson de la semaine (27) : A little bit of arson never hurt anyone (Matson Jones)

Comment jouer un rock indé brut, énérgique sans utiliser la moindre guitare ? Matson Jones réussit le pari avec seulement deux violoncelles, une basse et une batterie. Le quatuor, composé de Anna Mascorella, Martina Grbac (les deux violoncellistes-chanteuses du groupe), Matt Regan (basse) et Ross Harada (batterie), eut une existence éphémère. Formé au milieu des années 2000, à Fort Collins, dans le Colorado, il se sépare après un album sorti en 2005, un EP, en 2006, et une série de concerts paraît-il mémorables. Le nom du groupe ferait référence au pseudonyme utilisé par les artistes Robert Rauschenberg et Jasper Johns pour quelques oeuvres et installations réalisées en commun. Aux dernières nouvelles, trois des membres du groupe (c'est-à-dire : tous, à l'exception de Matt Regan) se seraient remis à jouer de la musique ensemble mais il s'agirait d'un tout nouveau projet sous un nom qui resterait encore à trouver... En attendant plus de nouvelles à ce sujet, je vous propose d'écouter un extrait de leur album de 2005. "A little bit of arson never hurt anyone" est un petit bijou de rock indé abrasif et nerveux, une musique rugueuse, explosive dont les équivalents sont sans doute à chercher du côté d'une PJ Harvey ou d'une Shannon Wright sous haute tension :

26 octobre 2010

S.A.V. sur Radio Canut : Emission du 26 octobre 2010

Après cette histoire du rock indé qui nous a bien occupée ces quatre dernières semaines (voir ici, ici, ici et ici), retour à la "normale" ce mardi avec une émission sans thème particulier, consacrée à des groupes de rock indé, de post-rock et de punk. Une programmation sombre, énervée et volontiers tournée vers l'expérimentation ! Au menu, entre autres : Gun Outfit, Raymonde Howard, Bästard, Yo La Tengo, Fly Pan Am, Slint, The VSS, Bratmobile, Subhumans, Shannon Wright, New Model Army, Electrelane, etc. Comme d'hab', l'émission est en libre écoute et téléchargement ci-dessous et la liste complète des morceaux est à suivre dans les commentaires :



Pour télécharger le podcast de l'émission (fichier mp3), cliquez ici (clic droit puis "enregistrer la cible du lien sous...")

23 octobre 2010

La Chanson de la semaine (26) : Phaedra (Gun Outfit)

Je n'ai pas beaucoup hésité, cette semaine, pour choisir ce morceau tant, depuis que j'ai vu Gun Outfit en concert vendredi dernier au Grrrnd zero Gerland, j'écoute en boucle le dernier album de ce groupe, Possession sound, et, en particulier, ce magnifique morceau, "Phaedra". La première fois que j'avais entendu parler de ce groupe, c'était il y a quelques mois dans l'excellent fanzine lyonnais Heartbeat (Julien, qui réalise depuis plusieurs années ce zine, s'est d'ailleurs occupé d'organiser toute la tournée européenne du groupe). L'évocation de références comme Dinosaur Jr, Sonic Youth, Meat Puppets, Neil Young ou les Vaselines avait suffi à exciter une curiosité en l'occurence bien justifiée. Après écoute, j'ajouterai juste à cette liste le nom de Yo La Tengo, pour ce mélange de rock indé et d'ambiances folk plus mélancoliques. Pour info, le groupe est originaire d'Olympia, aux Etats-Unis. Possession sound est leur deuxième album, après le précédent Dim light (on peut ajouter à cette discographie un premier 7" et une K7 de 8 morceaux live, demos et autres raretés vendue à la fin des concerts et dont, a priori, seuls 100 exemplaires auraient été sortis à en juger par la numérotation indiquée sur la K7).
"Phaedra" est donc extrait de ce dernier disque, sorti ce printemps. Le chant est féminin ici (le groupe, comme certaines de ses références, alterne chant masculin et féminin), l'instrumentation simple (deux guitares et une batterie, pas de basse). C'est le morceau le plus fascinant et le plus beau de tout cet album, je trouve. Difficile de dire à quoi cela tient. Peut-être à ce son de guitares très particulier, à la limite du désaccordé, à la façon parfaite dont les guitares du groupe se mélangent (j'étais surpris, d'ailleurs, de voir que l'un des membres de ce trio jouait souvent sur une douze cordes électriques), à ce rythme lent et mélancolique, créant une atmosphère... comment dire ? je serai tenté d'employer le mot "épique" mais je sens bien qu'il ne convient pas. Ceci dit, à vous de vous faire une opinion en écoutant, ci-dessous, ce magnifique morceau :


A noter que vous pouvez écouter (voire télécharger) ce morceau et trois autres sur le site de grrrnd zero, ici (faites défiler la page pour voir l'article voulu).

21 octobre 2010

Quelques nouvelles sur la situation lyonnaise...

Je ne sais pas exactement quelles informations filtrent aujourd'hui dans les grands médias nationaux sur ce qui s'est passé et se passe dans les rues du centre-ville de Lyon en ce moment. Sans doute se contente-t-on de stigmatiser les "vilains casseurs" tout en décrédibilisant voire même en passant sous silence la nature politique de ce qui se passe. Notre gouvernement autiste a beau jeu de traiter par le mépris et la matraque les "débordements inacceptables" (comme il dit) de ce mouvement social d'ampleur rare quand il est le responsable de la révolte actuelle par sa politique puante et injuste de ces dernières années et quand il propose comme seul interlocuteur aux gens qui sont dans la rue les troupes d'élite du GIPN avec tout leur arsenal de gazs lacrymogènes, flashball, canon à eau et autres joyeusetés... Les choses ne vont pas en s'arrangeant et la répression sombre dans une violence de plus en plus démesurée et aveugle (voir ce qui s'est passé ce jeudi, place bellecour).
Pour entendre un autre son de cloche que celui qui est généralement proposé et être informé en temps réel de ce qui se passe réellement, ce qui s'est passé et des prochains rendez-vous sur Lyon, je vous renvoie à deux sources :

1. le site d'information rebellyon.info (d'où je tire d'ailleurs la photo de Fle-ur ci-dessus)
2. une émission spéciale mise en place sur Radio Canut, "Passez le mot" dont je fais passer ci-dessous l'annonce :

PASSEZ LE MOT !

Reprendre en main l'information, s'organiser !

Depuis vos boites, vos piquets, vos lycées, vos rues, faites passer l'info pour qu'elle soit relayée à la radio:

par mail: lefildegreve (@) riseup.net

par téléphone ou SMS: 07 60 21 25 58 (c'est un portable)

Sur les ondes rebelles du 102.2, 3 rendez vous quotidiens (avec les compte rendus des AG, des manifs, des piquets de grèves des blocages etc) du lundi au vendredi:
- à 13h: Flash passez le mot (en réécoute ici )
- à 19h: Flash spécial dans les canut infos (en réécoute ici )
- à 8h: Rediffusion du Canut Infos

A écoutez aussi des reportages dans les manifs diffusé dans la dernière mégacombi ici

Decès de Ari Up (The Slits)...

Triste nouvelle : Ari Up, la chanteuse du groupe The Slits, est morte aujourd'hui... Plutôt que de me lancer dans une biographie posthume pesante, je me contenterai de vous renvoyer à ce que j'écrivais sur ce groupe et sa chanteuse il y a deux semaines de ça.

19 octobre 2010

S.A.V. sur Radio Canut : Les Années 1960 (émission du 19 octobre 2010)

Quatrième et dernière partie de cette histoire subjective du rock indé dans l'émission S.A.V., avec les années 1960 cette fois-ci (les 1970s, 1980s et 1990s en podcast sur ce blog). Après, promis, on revient à des choses plus récentes (encore que, comme d'hab', je mélangerai toujours allégrement les genres et les époques). L'occasion, à la fois, de revisiter quelques classiques (MC5, The Stooges, The Kinks, The Who, Pink Floyd, Velvet underground, Bob Dylan, The Beattles, The Rolling stones, Jimi Hendrix, The Animals...) et d'essayer d'exhumer quelques groupes beaucoup moins connus (Jonathan Halper, 13th Floor Elevator, The Soft Machine, The Monks, The Sorrows...). Comme d'hab', l'émission est en libre écoute et téléchargement ci-dessous et la liste complète des morceaux est à suivre dans les commentaires :



Pour télécharger le podcast de l'émission (fichier mp3), cliquez ici (clic droit puis "enregistrer la cible du lien sous...")

16 octobre 2010

La Chanson de la semaine (25) : Monk Time (The Monks)

The Monks est vraiment un drôle de groupe. Libérés du service militaire qui les avait entraîné en Allemagne, Gary Burger, Dave Day, Eddie Shaw, Larry Clark et Roger Johnston (tous américains) décident de rester en RFA et forment ce groupe au début des années 1960 (après s'être d'abord appelés The Torquays). Ils se produisent alors sur scène entièrement habillés en noir, avec une corde autour du cou et arborant fièrement une tonsure de moines ! En 1966, ils sortent leur premier et unique album (leur maison de disque ne les resignera pas après ce premier essai...), intitulé Black Monk Time. Leur musique est assez inclassable : rythmiques endiablées, claviers agressifs, chansons ne respectant aucune structure classique du type couplet/refrain, chant hurlé avec paroles énigmatiques (du style : "James Bond who was he?", "you're a monk, i'm a monk, we're all monks", "it's beat time, it's hop time, it's monk time now !"), musique frénétique qui dégage une énergie incroyable et banjo électrique à 6 cordes en guise de guitare ! Je vous ai suffisamment intrigué-es ? Alors, écoutez vite le morceau "Monk time" qui ouvre cet album, ci-dessous, en attendant de le retrouver dans l'émission de S.A.V. spéciale années 1960, ce mardi 19 :

12 octobre 2010

S.A.V. sur Radio Canut : Les Années 1970 (émission du 12 octobre 2010)

Après les années 1990 et 1980, troisième et avant-dernière partie de cette histoire subjective du rock indé de S.A.V. consacrée, cette semaine, aux années 1970. Au programme, une sélection qui va des classiques du début de la décennie (Lou Reed, Neil Young, David Bowie, Patti Smith, The Neon Boys, The Runaways) à la toute fin des années 70 (Teenage Jesus and the Jerks, Suicide, Joy Division) en passant par la scène punk (The Damned, Crass, Black Flag, The Clash, X-Ray Spex, The Slits, Richard Hell and the Voidoids) et quelques inclassables (Kraftwerk). La liste complète des morceaux est dans les commentaires. Comme d'hab', vous pouvez écouter et télécharger le podcast de l'émission ci-dessous :



Pour télécharger le podcast de l'émission (fichier mp3), cliquez ici (clic droit puis "enregistrer la cible du lien sous...")

9 octobre 2010

La Chanson de la semaine (24) : Typical Girl (The Slits)

Moins connu que des groupes comme Crass, The Damned ou, bien sûr, les Clash et les Sex Pistols, The Slits est pourtant un des groupes majeurs de la scène punk anglaise de la fin des années 1970. Le groupe se crée durant l'été 1976 autour de sa chanteuse charismatique Ari Up (de son vrai nom Ariana Foster, qui n'a alors que quatorze ans !), Palm Olive (Paloma Romera, future membre de The Raincoats), Kate Korus et Suzi Gutsy - ces trois dernières étant vite remplacées par Viv Albertine (guitare), Tessa Politt (basse) et Pete Clark (plus connu sous le nom de Budgie, futur batteur du groupe Siouxsie and the Banshees). Rapidement, le groupe se démarque des groupes punk de l'époque par une musique qui intègre des influences reggae, world et dub. Leur musique est atypique, novatrice et fait de The Slits un groupe vraiment à part. Par leur démarche à la fois expérimentale et ludique, on les situe souvent aux prémisses de ce qu'on a appelé le "post-punk". Avec d'autres groupes dont elles sont proches, comme The Raincoats, Kleenex/Liliput, Essential Logic, elles sont une des influences majeures pour toute la scène punk riot grrrl du début des années 1990.
Leurs premiers enregistrements sont deux Peel Sessions (sorties en disque seulement en 1988). Leur premier album, Cut, sort en 1979. Même si ce disque, qui renferme un certain nombre de morceaux considérés aujourd'hui comme des classiques (Typical Girl, Shoplifting, Love und Romance, I Heard it through the grapevine...), est une vraie réussite, il ne rencontre que peu de succès et le groupe se fait virer de sa maison de disque. En 1981, elles sortent un deuxième album, Return of the giant slits, album si déroutant et original (intégrant des influences empruntées aussi bien au punk qu'au reggae, à la musique japonaise ou africaine, dans des morceaux sans véritable structure), que sa nouvelle maison de disque en fera une sortie très limitée. Il faudra attendre 2000 pour que cet album bénéficie d'une sortie digne de ce nom ! Le groupe se sépare au début des années 1980. Ari Up continue une carrière solo. Viv Albertine se lance dans la réalisation. The Slits s'est reformé récemment, avec une toute nouvelle formation, seule Ari Up restant des débuts. Après un maxi Revenge of the  killer slits, sorti en 2006, et une tournée avec Sonic Youth, le groupe a sorti un nouvel album en 2009, Trapped animal.
La chanson "Typical Girl" est extraite de l'album de 1979, Cut. C'est même leur premier single. Non sans humour, le texte critique la place accordée aux femmes dans la société de leur époque et s'amuse à lister tous les clichés sexistes de leur temps sur cette figure artificielle de la "typical girl" (par exemple : "Typical girls are sensitive/Typical girls are emotional/Typical girls are cruel and bewitching/She's a femme fatale/Typical girls stand by their man/Typical girls are really swell/Typical girls learn how to act shocked/Typical girl don't rebel"). Le dernier couplet de la chanson résume l'essentiel du propos (les paroles complètes, ici)
Who invented the typical girl?
Who's bringing out the new improved model?
And there's another marketing ploy
Typical girl gets the typical boy
 Musicalement, c'est un vrai petit bijou à la fois léger, créatif et particulièrement jubilatoire ! J'en mets ici, à la suite, le clip de la chanson et la version uniquement musicale, juste en dessous :





Pour rappel, on retrouvera The Slits et plein d'autres groupes dans l'émission spéciale de S.A.V. sur Radio Canut, consacrée, ce mardi 12 octobre aux années 1970.

6 octobre 2010

S.A.V. sur Radio Canut : Les Années 1980 (émission du 5 octobre 2010)

Après les années 1990, la semaine dernière (vous pouvez retrouver le podcast ici), deuxième étape de cette histoire subjective du rock indé à l'envers. L'émission S.A.V. s'intéresse, cette fois-ci, aux années 1980, avec une programmation toujours aussi subjective. Au menu, entre autres, du post-punk (Kleenex/Liliput, Siouxsie and the Banshees), de la new/cold/dark wave (New Order, Malaria!, The Cure, Units), du gothique post-punk (X-Mal Deutschland), de l'expérimental/indus (Einstürzende Neubauten), du punk (Bad Brains, Berurier Noir, Lucrate Milk) et des classiques du rock indé (The Birthday Party, Meat Puppets, New Model Army, Sonic Youth, The Pixies, Pussy Galore). La programmation en détail est dans les commentaires. Sinon, comme d'hab', vous pouvez écouter et télécharger librement le podcast de l'émission ci-dessous :



Pour télécharger le podcast de l'émission (fichier mp3), cliquez ici (clic droit puis "enregistrez la cible du lien sous...")

2 octobre 2010

La Chanson de la semaine (23) : Your turn to run (Malaria !) + bonus : Kaltes Klares Wasser et Trash me

Au début des années 1980, une musique sombre et expérimentale nous vient d'Allemagne, sans que l'on sache trop, suivant les cas, s'il faut classer ces groupes dans la mouvance post-punk, la no-wave, la new wave, la dark wave (à cette époque, on ne manquait pas d'imagination dans l'invention de sous-genres...) ou l'indus. C'est ce que l'on a parfois appelé la Neue Deutsche Welle. Au premier rang de toutes ces formations musicales, on trouve X-Mal Deutschland, Einstürzende Neubauten et, bien sûr, Malaria!. Ce dernier groupe se forme en 1981 et suit l'éphémère Mania D. Il est composé de Gudrun Gut (qui a joué dans Einstürzende Neubauten), Bettina Köster, Manon Pepita Duursma (qui jouait dans le Nina Hagen Projekt), Christine Hahn (qui a travaillé avec la légende no-wave new-yorkaise Glenn Branca) et Susanne Kuhnke (qui a collaboré avec le groupe Die Haut - tout comme d'autres figures très célèbres, Lydia Lunch et Nick Cave notamment). Le groupe s'aventure sur des terres musicales novatrices et variées, toujours dans une ambiance très sombre. Entre 1981 et 1984, il sort une série de disques tous assez différents les uns des autres (Emotion, Beat the distance, notamment) dont les meilleurs morceaux sont rassemblés sur l'album Compiled. Pour vous donner un aperçu des différentes facettes de ce groupe, je vous propose d'écouter non pas un mais trois morceaux, de quoi annoncer en beauté la prochaine émission de S.A.V. consacrée, cette fois-ci, aux années 1980 !
  •  d'abord, "Your turn to run", avec une superbe vidéo réalisée par le groupe lui-même. Une ligne de basse entêtante jouée au synthé et une guitare désaccordée pour une plongée musicale fascinante et géniale :

  • "Trash me", un des morceaux les plus célèbres du groupe, avec des ingrédients similaires, présenté ici avec une vidéo live du groupe qui rend bien l'atmosphère de l'époque et le genre de lieux dans lequel le groupe se produisait :

  • Enfin, "Kaltes Klares Wasser", sans doute le morceau le plus célèbre du groupe (repris récemment par le groupe Chicks On Speed), avec une vidéo du morceau en live et l'original de la chanson juste après :