22 septembre 2012

La Chanson de la semaine (115) : Me gusta ser una zorra (LAS VULPESS)

Lorsque LAS VULPESS se forme dans les environs de Bilbao au début des années 1980, la scène punk espagnole et basque est en pleine explosion (à suivre dans la prochaine émission de S.A.V. !). Depuis quelques années, la scène se structure et se développe à Madrid, à Barcelone ou au pays Basque dont elles sont originaires. Dans l'immédiat après-Franco (le dictateur est mort en 1975), les punks participent à la fois du mouvement de libération qui suit la fin de la dictature et s'affrontent aux survivances de ce régime fasciste qui mélangeait répression politique et puritanisme religieux. La provocation est leur principale arme.
Si plusieurs groupes de l'époque comme ULTIMO RESORTE ou DESECHABLES sont emmenés par une chanteuse, LAS VULPESS serait le premier groupe punk espagnol entièrement féminin. Aux yeux des conservateurs de l'époque (ainsi qu'aux yeux d'une partie de la scène punk/hardcore de l'époque gangrénée par le machisme...), que quatre jeunes femmes décident de former un groupe de punk dont le nom signifie quelque chose comme "les salopes" était déjà en soi une provocation insupportable. Le scandale explose en 1983 après qu'un clip de leur chanson "Me gusta ser une zorra" soit diffusé à la télévision espagnole, dans l'émission musicale Caja de Ritmos, à une heure de grande audience. C'était une année d'élection et la presse conservatrice s'empare de l'affaire en soulignant le caractère obscène de certaines paroles de la chanson qui parle librement de sexe et de masturbation. Ce qui n'était qu'une chanson de punk assez confidentielle devient une véritable affaire d'état et le groupe se heurte alors à une hostilité à peu près générale. Las Vulpess se sépare peu de temps après.
"Me gusta ser una zorra" sort tout de même en 7" en 1983 et reste le seul disque du groupe jusqu'à sa reformation dans les années 2000. Composé à partir de la reprise d'un riff du morceau des Stooges "I wanna be your dog", c'est un classique du punk espagnol. Au-delà du contenu sexuel des paroles sur lequel la presse de l'époque s'était focalisé, cette chanson est surtout une revendication de liberté et d'indépendance qui en fait une sorte de manifeste féministe punk dont le propos peut être résumé ainsi : "laissez moi vivre comme bon me semble et ne venez plus me dire ce que je dois faire". Le scandale provoqué n'illustre rien d'autre que le puritanisme et le machisme de l'Espagne d'alors.

la vidéo de 1983 :

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