23 juillet 2010

La Chanson de la semaine (13) : Gobbledigook (Sigur Ros)

Les islandais de Sigur Ros, dans leurs premiers albums, nous avaient habitués à un univers sombre et torturé. Leurs morceaux étalaient de façon superbe, de longues minutes durant, une mélancolie contagieuse. Leurs clips de l'époque revenaient avec insistance sur l'image d'une enfance brimée et en détresse (par exemple la vidéo de Vidrar Vel Til Loftarasa) et perdu dans une atmosphère de fin du monde (voir le clip de Vaka). C'était beau mais c'était triste. Au fil des albums, cependant, leur univers s'est peu à peu éclairci. L'embellie commence en 2005 avec l'album Takk puis se confirme surtout avec Med sut ieyrum vit spilum endalaust (...), sorti en 2008. Toujours autant à fleur de peau, leur musique n'en est devenue que plus intéressante. Aujourd'hui, le récent album solo du chanteur du groupe, Jonsi, fait plus que confirmer cette tendance avec une pop hybride presque trop sucrée à mon goût.
La chanson Gobbledigook qui ouvre l'album de 2008 (pitié, ne me demandez pas de redonner le titre !) confirme tout cela. La rupture avec les albums précédents est frappante. Guitare acoustique entêtante, percussions largement mises en avant, des choeurs qui alternent les "lalala" et les "ouh ouh" : nous n'étions pas habitués à autant de légèreté et d'entrain dans la musique de Sigur Ros. Le clip de la chanson (voir ci-dessous) confirme tout cela. Ouvertement inspiré par le travail du photographe Ryan McGinley (quelques photos à la fin de ce message) dont le groupe a d'ailleurs repris une photo pour la pochette de son album, on y voit des gens nus qui courent dans les bois, dansent autour du feu, se roulent dans les feuilles, se baignent dans les torrent et jouent ensemble. Le tout n'évoque en rien une publicité pour le Cap d'Agde mais bien plutôt une sorte de paradis hippie, le rêve d'une harmonie retrouvée avec la nature, un monde totalement décomplexé et libéré des interdits et des poids que la société fait peser sur les corps, un monde où les adultes retrouveraient une sorte de joie et de liberté enfantine à jouer. N'est-elle pas ainsi résumée l'évolution du groupe Sigur Ros : de l'enfance brimée par le monde des adultes des premiers albums à la joie et à la liberté de l'enfance retrouvée au sein de ce monde adulte de ce dernier disque ?



Pour compléter ce post, quelques photos de Ryan McGinley dont l'influence sur le clip de Sigur Ros est effectivement évidente :

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