28 avril 2011

Le Quartier de la Confluence à Lyon (3ème partie): Détails critiques...

Troisième et dernière partie de ce petit photo-reportage dans le nouveau quartier de la Confluence, sur la presqu'île à Lyon. Après nous être intéressés au nouveau type d'architecture mis en place dans ce quartier et avoir proposé une sorte de contre-champs nostalgique sur l'ancienne "zone", cette nouvelle série essaie de cerner de façon critique l'esprit et les enjeux d'un tel projet urbain en s'attardant sur quelques petits détails. Au programme : visite du village de vente du quartier, arrêt sur ces tableaux d'architectes qui nous présente une image idéalisée des lieux à venir (où les passants semblent avoir un téléphone portable greffé sur le crâne), petit aperçu des innombrables panneaux d'interdiction ou de vidéosurveillance qui jalonnent les lieux, arrêt devant ces nouveaux ghettos de riches qui se mettent en place (protégés par d'imposantes barrières qui interdisent tout accès), immeuble à l'effigie de GDF Suez, etc. Au passage, je me suis amusé à relever tous ces slogans publicitaires qui font la propagande de ce vaste projet urbain à travers des formules aussi emphatiques que révélatrices comme : "aujourd'hui, une nouvelle vie", "comme une île dans la ville", "hier le marché de gros, demain le quartier du marché : un centre ville prolongé"... Enfin, ces quelques photos donnent un aperçu du type d'activités proposées dans le quartier : bureaux, "pôle de loisirs et de commerces" (que ces deux termes soient devenus à ce point indissociables et synonymes ne devrait cesser de nous interpeler...) et galeries d'art luxueuses (de quoi donner de nouveaux arguments à tous-tes ceux-celles qui insistent sur le rôle joué par ce type de commerces et par l'argument culturel dans le processus de gentrification). En guise de provocation, un colleur d'affiche anonyme a étalé en grand, sur un bâtiment destiné à l'implantation de nouvelles galeries d'art, l'adresse suivante : "artistes, encore un effort" (parodiant le titre de cette célèbre brochure révolutionnaire fictive "Français, encore un effort si vous voulez être républicains" que Sade insérait dans La Philosophie dans le boudoir). Au final, je suis reparti de ce quartier chic et choc avec un constat assez amer en tête : on ne va guère s'amuser par ici...
(vous pouvez cliquer sur les photos pour agrandir...)


A suivre, prochainement (j'en parlerai ici), un article un peu plus détaillé sur le sujet dans le second numéro de l'Internationale Utopiste...

6 commentaires:

  1. Bonjour .... je suis tombée un peu par hasard sur votre blog et j'ai lu les 3 phases de votre reportage sur le nouveau quartier de la Confluence . je suis totalement en phase avec vos réflexions , et cela m'a donné envie d'écrire ces quelques lignes ....je me sens moins isolée dans ma "nostalgie" des docks : je suis une "vieille" lyonnaise de plus de 50 ans, et je me rappelle m'être promenée, avoir flané de jour comme de nuit au long de ces docks déjà plus ou moins abandonnés mais riches de passé , de pierres usées, de rouille , de graffs ... Avec mon compagnon de l'époque, nous allions y faire des photographies et c'était un magnifique studio à ciel ouvert
    J'y suis retournée la semaine dernière et j'ai flané le long de la berge de Saône , et ressenti un bizarre sentiment de quelquechose d'honnêtement pas franchement désagréables à voir (ces architectures faussement designées "dock") mais si glaciales ! il faisait très beau et j'étais pratiquement seule à me ballader entre 18 et 20 h ! on aurait dit une ville fantôme, sans âme .... seuls quelques plantes dépassaient de quelques terrasses , pas de linge (doivent avoir des sèches linges ;o) et un drôle de sentiment que quelquechose fout le camp mais pas pour du mieux !
    mon intention était aussi de faire quelques clichés mais plus de batterie (et oui je suis une grande "amateur" photographique) et donc la ferme intention d'y retourner avant que tout ne soit bouclé aux badauds naïfs (enfin pas tant que cela finalement) que nous sommes . Merci en tout cas pour ces articles et ces photographies
    Françoise de Lyon

    RépondreSupprimer
  2. BOnjour! Merci pour votre message! Oui, on ne va pas beaucoup s'amuser dans ce nouveau quartier... Il constitue un beau cas d'étude sur les politiques urbaines actuelles et les conclusions ne sont pas spécialement enthousiasmantes. Je suis curieux de voir comment ce quartier va évoluer...
    J'ai essayé de développer tout ça dans un article assez long que je sors dans une petite revue/fanzine (l'"Internationale Utopiste" n°2) que j'auto-édite. La vraie sortie sera en septembre mais j'en ai déjà fait un premier tirage limité alors, si ça vous intéresse, je peux vous en faire passer un (mon mail est en haut de la page).
    Merci pour le retour en tout cas !

    RépondreSupprimer
  3. Bonjour,
    Je suis arrivée à Lyon il y a deux semaines. J'emménage ici pour quatre ans au moins.
    J'avais vu le titre de votre article et je me suis dit "après tout, rénover un endroit où il n'y a rien, poursuivre la ville, pourquoi pas ?" (je viens de la campagne et pour moi, la ville a cet aspect magique, d'aventures urbaines, ces villes où l'on peut marcher tout droit sans jamais en sortir).
    Je suis allée l'autre jour à Confluence, par hasard. Il était 10h du matin, et quand je suis descendue du tram, l'endroit était complètement désert. Je me suis sentie oppressée dans ces grands espaces qui ne sont effectivement plus des rues, qui sont désertes, qui ne vivent pas, qui se coupent à angles droits... Les bâtiments secs, sans vécu, qui n'avaient rien des aventures urbaines qui me font rêver... La ville moche, sans quartier, sans rien... Juste des blocs de béton, en somme, rien de romanesque là-dedans.

    Du coup je suis retournée lire votre article sur rebellyon. ça m'a ammenée sur votre site. J'ai regardé les photos de "comment c'était avant". Et maintenant, j'ai envie d'y retourner faire un tour pour voir ces petits coins de "zone" avant qu'ils ne disparaissent, et m'offrir un peu de vos aventures urbaines, celles qui ne faisaient pas partie avant de mon imaginaire de la ville mais que vous m'avez donné envie de découvrir.

    Et au passage, votre revue auto-publiée m'intéresse. Je vous envoie donc prochainement un mail.
    Merci pour votre article

    RépondreSupprimer
  4. Ah oui, ce nouveau quartier n'est pas franchement un terrain favorable à l'aventure... le seul endroit que je te conseille quand même, c'est l'extrême pointe de la presqu'île : même le chantier dans notre dos n'arrive pas totalement à gâcher le lieu.
    Bon, et si tu viens d'arriver sur Lyon, il y a quand même moyen de faire des promenades passionnantes dans cette ville, pour peu que tu choisisses les bon lieux et la bonne heure du jour (ou de la nuit) et que tu t'y perdes un peu!
    Pour le n°2 de l'Internationale Utopiste, la sortie est imminente (dans les prochains jours).

    RépondreSupprimer
  5. Bonjour,

    je lit tous ces commentaires, je ne comprend pas
    je vis dans ces nouveau logement, ok en haut et vers le sud, mais
    le quartier est avec ses 50% de logement sociaux un des plus democratique comme on dit parfois.
    donc si les personnes trouvent ce quartier mort et desert, sans vie, il appartient a ceux qui y resident de faire cette vie.
    le probleme est:
    les personnes qui vivent dans ce quartier ne sortent pas.
    je suis ici depuis 2 ans.
    et je sort tous les jours. ou sont mes voisin?
    le quartier est le reflet de la societé, que ce soit au confluence ou ailleur.
    quand les gens preferent regarder la TV au lieu de sortir..., l´architecture comme l´urbanisme ne peuvent rien faire.
    les nouveaux quartiers avec leurs pierre neuves, donnent parfois un sentiment de froideur, certe mais il en reste que c´est nous les personnes qui y vivent qui sont le carburant de cette société et il est nécessaire de participé.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour,
      Merci pour ton message. Effectivement, on ne peut qu'encourager les habitant-e-s de ce quartier à se l'approprier et à y créer une vraie animation sociale... mais il faut aussi prendre en compte les conditions objectives mises en place par les architectes et les urbanistes (le cadre de vie, l'atmosphère créée par l'architecture et le plan d'urbanisme...). De ce point de vue, il faut bien admettre que la vidéosurveillance omniprésente, le cloisonnement de l'espace (toutes ces grilles imposantes qui bloquent l'accès aux blocs d'immeubles), l'absence d'un véritable réseau de commerces de proximité ou de lieux de vie nocturnes – bars, etc. - et, oui, la froideur de l'architecture mise en place, le plan général du quartier et l'atmosphère « hygiéniste » des lieux sont autant de facteurs – parmi beaucoup d'autres – qui ne favorisent pas franchement l'émergence d'une vie de quartier...
      Oui, ce quartier est le reflet de notre société mais à tous les points de vue. Rejeter la faute de son manque d'animation sur les seul-e-s habitant-e-s ne suffit pas, l'architecture et l'urbanisme sont aussi en cause et participent au renforcement de cette individualisation et de cette « aseptisation » de la société. Tout comme la Part-Dieu dans les années 70, le nouveau quartier de la Confluence (et tous les autres quartiers identiques que l'on retrouve dans d'autres villes, comme s'ils étaient tous clonés) est l'expression de l'idéologie dominante de l'époque : le « lien social », la « vie de quartier » (encore faut-il s'entendre sur ce qu'on entend exactement par ces expressions), l'appropriation collective par les habitant-e-s de leur lieu de vie ou encore la création d'un espace de vie propice aux rencontres, aux déambulations, au jeu ou à la fête ne semblent pas vraiment à l'ordre du jour...

      Supprimer

Exprimez-vous !